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samedi 8 août 2015

Éducation pour l'alliance entre l'humanité et l'environnement

Extrait de la Lettre encyclique du Saint-Père François

La conscience de la gravité de la crise cultu­relle et écologique doit se traduire par de nouvelles habitudes. Beaucoup savent que le progrès actuel, tout comme la simple accumulation d’objets ou de plaisirs, ne suffit pas à donner un sens ni de la joie au cœur humain, mais ils ne se sentent pas capables de renoncer à ce que le marché leur offre. Dans les pays qui devraient réaliser les plus grands chan­gements d’habitudes de consommation, les jeunes ont une nouvelle sensibilité écologique et un esprit généreux, et certains d’entre eux luttent admirable­ment pour la défense de l’environnement ; mais ils ont grandi dans un contexte de très grande consommation et de bien-être qui rend difficile le développement d’autres habitudes. C’est pourquoi nous sommes devant un défi éducatif.

L’éducation environnementale a progres­sivement élargi le champ de ses objectifs. Si au commencement elle était très axée sur l’informa­tion scientifique ainsi que sur la sensibilisation et la prévention de risques environnementaux, à pré­sent cette éducation tend à inclure une critique des ‘‘mythes’’ de la modernité (individualisme, progrès indéfini, concurrence, consumérisme, marché sans règles), fondés sur la raison instrumentale ; elle tend également à s’étendre aux différents niveaux de l’équilibre écologique : au niveau interne avec soi-même, au niveau solidaire avec les autres, au niveau naturel avec tous les êtres vivants, au niveau spirituel avec Dieu. L’éducation environnementale devrait nous disposer à faire ce saut vers le Mystère, à partir duquel une éthique écologique acquiert son sens le plus profond. Par ailleurs, des éducateurs sont capables de repenser les itinéraires pédago­giques d’une éthique écologique, de manière à faire grandir effectivement dans la solidarité, dans la responsabilité et dans la protection fondée sur la compassion.

Cependant, cette éducation ayant pour vocation de créer une “citoyenneté écologique” se limite parfois à informer, et ne réussit pas à développer des habitudes. L’existence de lois et de normes n’est pas suffisante à long terme pour limiter les mauvais comportements, même si un contrôle effectif existe. Pour que la norme juri­dique produise des effets importants et durables, il est nécessaire que la plupart des membres de la société l’aient acceptée grâce à des motivations appropriées, et réagissent à partir d’un changement personnel. C’est seulement en cultivant de solides vertus que le don de soi dans un engagement éco­logique est possible. Si une personne a l’habitude de se couvrir un peu au lieu d’allumer le chauffage, alors que sa situation économique lui permettrait de consommer et de dépenser plus, cela suppose qu’elle a intégré des convictions et des sentiments favorables à la préservation de l’environnement. Accomplir le devoir de sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes est très noble, et il est merveilleux que l’éducation soit capable de les susciter jusqu’à en faire un style de vie. L’éducation à la responsabilité environnementale peut encou­rager divers comportements qui ont une incidence directe et importante sur la préservation de l’en­vironnement tels que : éviter l’usage de matière plastique et de papier, réduire la consommation d’eau, trier les déchets, cuisiner seulement ce que l’on pourra raisonnablement manger, traiter avec attention les autres êtres vivants, utiliser les trans­ports publics ou partager le même véhicule entre plusieurs personnes, planter des arbres, éteindre les lumières inutiles. Tout cela fait partie d’une créa­tivité généreuse et digne, qui révèle le meilleur de l’être humain. Le fait de réutiliser quelque chose au lieu de le jeter rapidement, parce qu’on est animé par de profondes motivations, peut être un acte d’amour exprimant notre dignité.

Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater, parce qu’elles suscitent sur cette terre un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible. En outre, le développement de ces comportements nous redonne le sentiment de notre propre dignité, il nous porte à une plus grande profondeur de vie, il nous permet de faire l’expérience du fait qu’il vaut la peine de passer en ce monde.
Les milieux éducatifs sont divers : l’école, la famille, les moyens de communication, la catéchèse et autres. Une bonne éducation scolaire, dès le plus jeune âge, sème des graines qui peuvent produire des effets tout au long d’une vie. Mais je veux sou­ligner l’importance centrale de la famille, parce qu’« elle est le lieu où la vie, don de Dieu, peut être convenablement accueillie et protégée contre les nombreuses attaques auxquelles elle est exposée, le lieu où elle peut se développer suivant les exigences d’une croissance humaine authentique. Contre ce qu’on appelle la culture de la mort, la famille constitue le lieu de la culture de la vie ».149 Dans la famille, on cultive les premiers réflexes d’amour et de préservation de la vie, comme par exemple l’uti­lisation correcte des choses, l’ordre et la propreté, le respect pour l’écosystème local et la protection de tous les êtres créés. La famille est le lieu de la formation intégrale, où se déroulent les différents aspects, intimement reliés entre eux, de la matu­ration personnelle. Dans la famille, on apprend à demander une permission avec respect, à dire ‘‘merci’’ comme expression d’une juste évaluation des choses qu’on reçoit, à dominer l’agressivité ou la voracité, et à demander pardon quand on cause un dommage. Ces petits gestes de sincère courtoi­sie aident à construire une culture de la vie partagée et du respect pour ce qui nous entoure.
Un effort de sensibilisation de la popula­tion incombe à la politique et aux diverses asso­ciations. À l’Église également. Toutes les commu­nautés chrétiennes ont un rôle important à jouer dans cette éducation. J’espère aussi que dans nos séminaires et maisons religieuses de formation, on éduque à une austérité responsable, à la contempla­tion reconnaissante du monde, à la protection de la fragilité des pauvres et de l’environnement. Étant donné l’importance de ce qui est en jeu, de même que des institutions dotées de pouvoir sont néces­saires pour sanctionner les attaques à l’environne­ment, nous avons aussi besoin de nous contrôler et de nous éduquer les uns les autres.
Dans ce contexte, « il ne faut pas négliger la relation qui existe entre une formation esthé­tique appropriée et la préservation de l’environ­nement ».150 Prêter attention à la beauté, et l’aimer, nous aide à sortir du pragmatisme utilitariste. Quand quelqu’un n’apprend pas à s’arrêter pour observer et pour évaluer ce qui est beau, il n’est pas étonnant que tout devienne pour lui objet d’usage et d’abus sans scrupule. En même temps, si l’on veut obtenir des changements profonds, il faut garder présent à l’esprit que les paradigmes de la pensée influent réellement sur les comportements.
L’éducation sera inefficace, et ses efforts seront vains, si elle n’essaie pas aussi de répandre un nou­veau paradigme concernant l’être humain, la vie, la société et la relation avec la nature. Autrement, le paradigme consumériste, transmis par les moyens de communication sociale et les engrenages effi­caces du marché, continuera de progresser.
Auteur : Pape François.

2 commentaires:

  1. Cela nous ramène à ce que chacun peut faire au quotidien et c'est aussi un moyen très actif et joyeux de participer...

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    1. Evelyne Catteau31 août 2015 à 05:17

      Oui Ariane, je suis d'accord avec cela... Le moindre de nos gestes et de nos pensées ne devraient plus être anodin... les accomplir avec de la bonne humeur et la passion d'être en vie... Saisir tout cet espace quotidien avec cette philosophie, c'est du "concentré de force" assuré pour faciliter les passages des moments plus difficiles. Merci.

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