L'île qui appartient à tous

Ce blog approfondit les thèmes liés à la création d'un point géographique universel, symbole de la conscience et indicateur d'une nouvelle direction pour l'humanité. Pour rejoindre la communauté de l'île Hans : www.hansuniversalis.org

vendredi 14 août 2015

Les principes de l’économie écologique

 
 
Une autre économie est possible, plus juste, plus équitable, et plus respectueuse du monde. Une économie globale, pensée en écosystèmes. Développée depuis les débuts des années 1970, les thèses de l’économie écologique reconnaissent le rôle primordial de l’environnement naturel sur les activités humaines.

 

Nous vivons dans un monde plein. Plein d’êtres humains et plein d’objets. Et dans un monde fini, borné par les frontières physiques, minérales, végétales et animales, de notre planète. C’est une situation nouvelle et sans précédent, marquée par l’instabilité et la dégradation de nos conditions de vie, avec es risques de rupture et d’effondrement réel de nos sociétés. Deux rapports de 2012 soulignent ces réalités, l’un provient des Nations unies et l’autre du Club de Rome-Chapitre européen.

Leurs analyses éclairantes pointes les limites du système économique actuel et les changements à mettre en œuvre. Car il est possible de faire autrement. C’est l’approche de « l’économie écologique », un vaste projet de refonte de nos modèles économiques au service du bien-être humain durable.
Le renversement de perspective est d’abord fondamental. Il s’agit de remettre l’économie à sa juste place. « L’économie écologique considère l’économie comme un sous-système intégré des cultures et des sociétés, elles-mêmes imbriquées dans la géobiosphère », expliquent les auteurs de Vivement 2050 ! Programme pour une économie soutenable et désirable, un ouvrage publié par les Nations unies en 2012. L’économie écologique dépend de l’infrastructure sociale tandis que les sociétés humaines reposent sur la présence d’écosystèmes durables. Bref, sans environnement, pas de civilisation humaine, donc pas d’économie.

Second chapitre : la reconnaissance du capital naturel, et la redistribution du capital qu’elle induit. C’est l’un des apports théoriques majeurs de l’économie écologique. « Ce changement d’orientation implique de prendre en compte la protection de la nature, la restauration des écosystèmes, l’équité sociale et intergénérationnelle (notamment l’éradication de la pauvreté), la stabilisation de la population, mais aussi l’ensemble des contributions non-marchandes générées par le capital naturel et le capital social », poursuivent les signataires de Vivement 2050 !
Avec cette vision, continuer à considérer l’économie comme un objet déconnecté du monde, en particulier du vivant, devient un non-sens. Une impasse où, à terme, « l’économie risque de scier la branche sur laquelle elle est assise ».
 
Écosystème contre réductionnisme
Ce qui semble une évidence aujourd’hui reste pourtant ignoré de la pensée économique dominante. Selon les croyances de l’orthodoxie économique en vigueur, appelons-là économie classique ou traditionnelle, le champ économique est perçu comme une dimension autonome, étrangère et distincte de son environnement. Dans l’économie classique, en effet, tout ce qui ne peut être aisément quantifié, modélisé ou comptabilisé se trouve délibérément exclu, expulsé hors du cadre théorique, rassemblé sous la dénomination commode et fourre-tout des « externalités ». La nature ainsi a longtemps été pensée comme une ressource gratuite, « dans la mesure où son acquisition ne passe pas par une acquisition monétaire », rappellent les auteurs u rapport du Club de Rome-Chapitre Européen, Pour un système monétaire durable.

La vision es choses de l’économie traditionnelle imprègne encore l’enseignement et les médias. Fondamentalement réductionniste, ce paradigme dominant a même été qualifié d’autisme-économie, en 2000, à la Sorbonne, par un courant d’universitaires excédés. La déclaration de l’université de Cambridge, qui prolongea n’année suivante ce mouvement critique, a été signée par 797 docteurs en économie.
Le développement durable, brandit depuis une quinzaine d’années, constitue un premier pas pour sortir des raisonnements biaisés des l’économie classique. Formulé à la suite du fameux rapport Bruntland, en 1987, le développement durable restaure, à côté de l’économie, les dimensions de l’environnement et du social. Le progrès est net et réel. Mais en continuant de mettre ces trois éléments sur un même plan, l’économie est encore perçue comme une sphère à part entière et largement autonome.
 
Valoriser le capital naturel ?
C’est dans la revue Nature, le 15 mai 1997, que Robert Costanza livre une première estimation de la valeur des services rendus par la nature. Cette étude a fait date car le total, bien qu’approximatif, est impressionnant. Il avoisinait alors les 33 000 milliards de dollars par an, soit 25 000 milliards d’euros. Un minimum. Autrement dit, les bénéfices du capital naturel pesaient près du double de l’activité économique mondiale, fixée cette année-là à 18 000 milliards de dollars.

Divisons ce montant par 7 milliards d’êtres humains…  Les écosystèmes de notre environnement « offrent » près de 3200 euros par personne et par an de « prestations de biens et de services » de services vitaux, c’est-à-dire essentiels à notre survie. Qu’il s’agisse de la régulation de l’air et du climat, de la dépollution et du maintient de la qualité de l’air, des sols et de l’eau, de l’approvisionnement en nourriture, du contrôle de l’érosion, de la prévention des crues et des avalanches, de l’habitat des autres espèces, de la pollinisation, du recyclage des débris organiques, de la production de matières premières, de combustibles, de sports et de loisirs de plein air…
La valorisation économique des services rendus par la nature, parfois nommée bioéconomie, constitue l’un des piliers fondateurs de l’économie écologique. Un autre axe de recherche porte sur la révision des indicateurs économiques et des critères employés pour les calculer. Afin de les rendre plus justes, moins autistes pourrait-on dire, dans la prise en compte des dimensions non-marchandes du monde et du bien-être de l’être humain. Ces indicateurs sont le fameux bonheur intérieur brut (BIB), notamment expérimenté par le Bhoutan, l’indice de développement humain (IDH) proposé par les Nations unies, mais aussi l’indice de bien-être durable (IBED) et l’indicateur de progrès véritable (IPV), qui inclut dans son calcul les activités non-marchandes, comme le travail domestique et les activités bénévoles et, à l’inverse, retranche les richesses perdues et les dégâts sociaux (accidents, maladies, délinquances, etc.) 
 
 

Parmi les flux de matières, d’énergies et d’informations pris en compte par l’économie écologique, l’analyse de l’écosystème « monnaie » occupe également un rôle majeur.


 
Auteur : Maxence Layet, directeur de la revue Orbs, l'autre planète.

1 commentaire:

  1. Une orientation nouvelle à prendre !
    Mettre en avant la valorisation économique des services rendus par la nature.

    RépondreSupprimer