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jeudi 6 août 2015

Le CO2 de tous les dangers


Dans sont dernier rapport (2013/2014) le GIEC se montre pessimiste quant à la capacité de l'humanité à limiter le réchauffement anthropique à 2°C, conformément à l'objectif que se fixent les 195 pays qui participent aux conférences sur le climat. Ces 2°C se traduiraient, dans l'Arctique, par un réchauffement de 8°C, une disparition définitive des banquises pluriannuelles et une fonte accélérée des calottes glaciaires, entraînant une forte montée des océans. Selon les experts, tout porte malheureusement à croire que cette limite "de sécurité climatique" sera franchie.

Compte tenu des incidences sur l’ensemble des systèmes climatiques et écologiques de l’excès d’émissions de CO2, il est vital de réduire significativement la consommation d’énergies fossiles et de modérer leur exploitation. Les réserves de pétrole, gaz et charbon sont hélas suffisantes pour, si elles continuent d’être exploitées au rythme actuel, entraîner des bouleversements irréversibles et des catastrophes démesurées.
 
Dans ce contexte, envisager l’exploitation des réserves de pétrole encore intactes de l’Arctique constitue pour chacun de nous une menace directe. La modification de la chimie de l’atmosphère par les activités humaines a des impacts tant sur le climat que sur les océans et la stabilité des stocks d’hydrates de méthane. Ces impacts font l’objet de recherches très approfondies qui ne laissent aucun doute sur l’immense danger que représente une carbonisation excessive de l’atmosphère.

Un taux de CO2 jamais connu depuis au moins 800 000 ans
En 2012, le taux de carbone de l’atmosphère terrestre a dépassé le seuil de 400 ppm (parties par million), alors que les scientifiques estiment que le taux maximal « acceptable » est de 350 ppm ; il était de 250 ppm au XVIIIe siècle. L’analyse de la glace de l’inlandsis de l’Antarctique a permis de remonter de 800 000 ans dans les archives du climat et montre qu’à aucun moment, durant cette période, l’atmosphère n’a connu une telle concentration de gaz carbonique. Or, l’on sait depuis le milieu du XIXe siècle que le CO2 joue un rôle essentiel dans l’effet de serre de notre atmosphère, effet de serre sans lequel la température moyenne de la Terre avoisinerait – 15°C, au lieu de 16°C actuellement. À titre comparatif, si la planète Vénus, plus proche du soleil, avait le même taux de carbone que la Terre, sa température serait de 50°C en moyenne. Or son atmosphère est composée à 96% de CO2 et il y fait 460°C.

Fonte du permafrost : le risque d’emballement du climat
Le réchauffement global entraîne la fonte des sols gelés des régions polaires, particulièrement en Sibérie et au nord de l’Amérique. Ces sols, qui n’ont pas dégelé depuis la période qui précède la dernière glaciation, enferment des molécules de méthane issues de la décomposition de micro-organismes. Ces molécules, jusque-là enfermées dans une enveloppe d’eau gelée, sont libérées par le dégel et viennent participer à l’effet de serre. Le méthane est un gaz à effet de serre vingt fois plus efficace que le CO2 au bout de cent ans, quatre-vingt fois au moment de son émission.

 

La bombe à retardement des hydrates de méthane

Certains fonds marins sont tapissés d’un « composé glacé et inflammable » appelé hydrate ou clathrate de méthane. Les quantités d’hydrates de méthane sont considérables, elles dépasseraient l’ensemble des stocks de charbon, et l’on envisage leur exploitation pour remplacer le pétrole. Or il s’agit encore de composés carboniques, et le réchauffement des océans a commencé à provoquer leur fonte naturelle. Il résulte de cette fonte des dégazages susceptibles d’accélérer encore le réchauffement global.
 
Le chercheur Orjan Gustafsson, qui a mené des recherches sur le dégazage naturel en mer de Laptev, en Sibérie orientale, constate : « Une vaste zone d'intense libération de méthane a été découverte. Sur les précédents sites nous avions relevé de fortes concentrations de méthane dissous dans l’eau. Nous avons observé pour la première fois une zone où la libération est si intense que le méthane n'a pas eu le temps de se dissoudre dans l'eau de mer, mais arrive sous forme de bulles de gaz à la surface. À certains endroits, la concentration de méthane dans l’air atteint 100 fois le niveau habituel. »

Le comportement de ces réserves sous-marines de méthane revêt une importance majeure car leur libération subite dans l'atmosphère a pu provoquer par le passé une augmentation brutale de la température terrestre, entraînant une extinction massive des espèces. Les chercheurs pensent que le réchauffement rapide qu'a connu l’Arctique au cours des dernières années pourrait être en partie lié à ce phénomène.
 
Texte : Emmanuel Hussenet
 
 

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