Canadiens et Danois n'ont aucune
légitimité sur Hans de par le fait de l'occupation : la zone a de tout temps
été inhabitée. Alors pourquoi leur appartiendrait-elle ? Parce qu'elle aurait
été découverte par un Anglais, selon les Canadiens (le Canada a été formé
conjointement par les Anglais et les Français) et par un Danois selon les
Danois.
Charles-Francis Hall, découvreur de l'île. |
Le Canada pas plus que le
Danemark n'ont de légitimité par l'occupation ou par la découverte. Hans
échappe aux accords de territorialité. L'île porte le nom d'un groenlandais et
fut découverte par un américain, assassiné trois mois plus tard. Les États-Unis
n'ont pas cherché à revendiquer la région et estiment que, tout comme le
passage du Nord-Ouest, le passage du Pôle (ou détroit de Nares) doit rester
neutre et de navigation libre.
Les motifs de légitimité :
Le principal facteur de
légitimité d'un pays sur un territoire est l'occupation par ses ressortissants
ou par un peuple qui, par référendum, déclare souhaiter être rattaché à ce
pays.Les motifs de légitimité :
Le second facteur de légitimité
est la paternité de la découverte. Dans le cas de l'île Hans, nous constatons
que pas plus le Canada que le Danemark ne dispose sur ces deux plans d'éléments
qu'ils pourraient juridiquement mettre en valeur.
Les deux pays s'appuient sur
d'autres arguments :
- La proximité naturelle. L'île
est encadrée par des côtes dont la souveraineté n'est pas en discussion.
Observer le fond marin pourrait faire la différence : le Danemark estime que
l'île Hans est reliée au plateau groenlandais qui lui a été attribué en 1933
par la Cour internationale de justice et qu'elle lui revient à ce titre.
- La légitimité par l'usage. Le
Danemark et le Canada étant les deux seuls pays à débarquer officiellement et
régulièrement sur l'île, chacun peut légitimement, les années passant, faire
admettre par les autres nations que le rocher relève de son autorité. C'est
cette légitimité naturelle et d'usage qui prévaut ici. L'incertitude sur le cas
de l'île Hans est uniquement liée à la double revendication.
Notre légitimité :
N'agissant pas en tant que
représentants d'un État constitué, nous n'avons, pour le droit international,
aucune légitimité. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous n'agissons
nullement dans le but de nous approprier le territoire, mais dans celui d'amener
Canada et Danemark à renoncer mutuellement à leur projet. Notre légitimité à
exprimer ce que nous souhaitons pour l'île Hans se fonde sur des éléments
éthiques en accord avec les appels officiels répétés pour la protection de la
biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique. Notre légitimité
vient de notre qualité d'êtres humains responsables et de notre
représentativité par le nombre.
Forts de notre démarche qui
écarte la notion de propriété et fait ressortir celle de responsabilité, nous
demandons aux États qui veulent bien nous accompagner de plaider en faveur de
Hans, île universelle auprès des diplomaties étrangères et devant
l'Organisation des Nations Unies.
Pour nous,
"revendiquer" et "habiter" l'île Hans se traduit par un
même acte : se faire connaître en tant qu'être moralement relié à ce lieu.
Celui-ci étant désert, on peut imaginer une jurisprudence intégrant la notion
d'habitant virtuel et reconnaissant des droits aux personnes qui expriment
clairement leur lien à cette île, fut-il subjectif. Tout lien avec autrui, un
endroit, une hiérarchie, confirmé ou non par un contrat, n'est-il pas de nature
subjective ? La reconnaissance juridique en tant qu'habitant virtuel de Hans
n'est donc pas à exclure. Le fait "d'habiter", donc d'apporter à
cette île une population, plaiderait en faveur de la légitimité de chacun à
décider de son destin.
Notre rôle en tant que citoyen
est donc d'amener un certain nombre de gouvernements à former un groupe pour
introduire la question de la neutralité de l'île Hans à l'ONU. Le Canada et le
Danemark devront en réponse rappeler leur position qui aura, d'ici là, nous
l'espérons, évolué. En tout état de cause, l'attribution du statut de Terra
Nullius relèvera de la Cour internationale de justice de La Haye, saisie sur
cette question par les Nations Unies.
Une fois l'île Hans rendue à sa
seule souveraineté, le Canada et le Danemark seront incontestablement les mieux
placés pour assurer la neutralité de l'île et faire respecter aux yeux du monde
le principe qu'elle représente.
Hans Hendrik, à l'âge de 19 ans. |
Hans Hendrik, à l'âge de 49 ans. |
Texte : Emmanuel Hussenet
Quel magnifique projet que de faire avancer cette idee de Terra Nullius pour éveiller les consciences ! J ´adhère .
RépondreSupprimerEt je soutiens ...
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